100km de Vendée : Eric Legat fait coup double !
Les 100 km de Chavagnes en Paillers servaient de support à la sélection pour le trophée mondial et la coupe d'Europe de la discipline. Seul le premier était alors assuré d'être sélectionné, alors que les 2 places restantes demeuraient incertaines...
Malgré une sérieuse préparation, c'est avec un sentiment partagé entre l'humilité, le doute mais aussi une énorme envie de réussir qu'Eric abordait sa 3° participation à un 100km.
Humilité devant la distance. Pour bien la connaître, il sait qu'au départ, il n'est jamais acquis de franchir la ligne d'arrivée, le favoris de cette édition, Régis Lacombe, l'apprendra d'ailleurs à ses dépens.
Doutes au regard d'une préparation hivernale écourtée par des soucis physique suite à la SaintéLyon. De ce fait, sa préparation n'aura été qu'une course contre la montre, jonglant entre essayer de rattraper le temps perdu et peaufiner une préparation spécifique. De plus, son ischio droit restait très sensible depuis 15 jours, alors que le matin même c'était le périoste qui se réveillait !
Envie à la fois de terminer sa course, car c'est une habitude à laquelle il tient, mais aussi d'aller chercher le podium et pourquoi pas, de se montrer au sélectionneur comme possible membre de cette équipe de France qui fait rêver !
Samedi 3 mai, 5h00, le départ est imminent.
Malgré l'heure matinale et la fraîcheur environnante, l'ambiance règne grâce aux nombreux spectateurs, et c'est dans l'atmosphère si particulière des courses de nuit qu'est enfin donné le coup de feu libérateur.
Sur les 4 tours que compte la course, Eric réalise le premier prudemment, laissant le favori et un autre concurrent mener la course. Pour autant, à tout juste un quart de la distance effectuée, les sensations sont très moyennes, notre FACkir avouant même au passage qu'il a l'impression de n'être jamais facile... et il reste encore 75 km à parcourir ! Son ischio droit se permettant en outre de se rappeler à son bon souvenir.
Bref tout est bien mal engagé et compter les kilomètres à ce moment de la course n'est pas un critère rassurant !
Peu importe, il faut poursuivre.
Le passage au marathon est un peu plus rapide que l'an passé en 2h53'14" contre 2h55'02" en 2007, pour un temps final de 7h04'30". Malgré cela et en regard des sensations, le moral est assez bas. Eric avouera même qu'il pensait que si son ischio lâchait, ça l'arrangerait presque, lui évitant ainsi une galère sans nom, du genre de celle qu'il a connu lors de sa première participation sur la distance en 2006.
Au 47° km, surprise, c'est l'ischio gauche qui se distingue par une énorme et soudaine contracture. La course n'est plus possible malgré les vaines tentatives.
A ce moment, à cette envie curieuse d'abandonner qui depuis quelques kilomètres l'habitait, et devant la brusque réalité de cette fatalité, succéda une énorme envie de continuer ! Mentalement, ce fut un virage salutaire.
Physiquement, l'instant est difficile. Pour repartir néanmoins, massages et compression sur le point douloureux, permettent de poursuivre cette alternance de marche et course bancale. Petit à petit, l'action chauffante de la pommade ainsi que la succession de trois strappings serrés sur la cuisse, diminueront la gêne.
Certes 10 bons kilomètres viennent de s'écouler, l'allure a quelque peu faibli, mais la volonté de finir est bien là.
La stratégie est alors bien simple : Il reste 45 km à parcourir, et si l'allure maintenant adoptée et proche de 14km/h se maintient jusqu'au bout, si quelques-uns des 4 athlètes qui le devancent flanchent sur la fin, il est alors possible de bien terminer ! Mais, vous l'accorderez, cela fait beaucoup de "si" !
Pourtant, au 73° kilomètre, les hypothèses semblent se confirmer. Eric double alors Régis Raymond qui marche plus alors, et abandonnera plus loin. Voilà notre FACkir potentiellement au pied du podium.
Au passage dernier tour ("passage à la cloche" si l'on peut dire ainsi, car il reste effectivement un tour, mais il mesure presque 25 km !), les 2° et 3° de la course sont en ligne de mire. La prédiction presque improbable mais tant attendue se réalise pourtant, avec ces 2 athlètes qui peinent davantage qu'Eric.
A peine plus loin, notre andrézien double tout d'abord Benoit Laval, puis Antoine Amiot et se retrouve du même coup second de la course. Mais à ce moment là, il reste encore près de 21 kilomètres à parcourir, et si les autres concurrents montrent des signes de faiblesse, rien n'est facile pour Eric non plus, la chaleur inhabituelle commençant même à peser très lourd sur les organismes déjà bien fragilisés !
A partir de ce moment là, l'allure faiblit un peu mais reste supérieure à 13 km/h. Le moral est bon, et il ne reste qu'à finir à cette allure. Un chrono de 7h10 est même encore envisageable, de quoi être largement satisfait au vu des conditions de course !
Ensuite passage au 85° en 6h04'14", là même où l'an passé, Eric avait commencé à souffrir, mais après être passé... 12 minutes plus tôt ! Ce 2° marathon est donc plus lent (3h08'23" contre 2h54'46" en 2007), mais la fin s'annonce moins dure.
Le moral est au beau fixe, avec des écarts qui continuent de grandir face à mes poursuivants. Quant à la tête de course, à 13 km de l'arrivée, elle est à plus de 23'... Un gouffre ! Je n'y songe même pas !
Mais après le 94°, un pointage ne donne plus que 7' d'avance au premier. Eric a donc repris 16' en 7 kilomètres ! Incroyable ! Les autres coureurs qui ont un tour de retard le lui répètent sans cesse : "il craque, le premier craque ! Vous pouvez l'avoir".
Alors, Eric relance bille en tête à 5,5 km de l'arrivée. Les chronos ne sont pas énormes, mais il grignotte son retard.
Au 97°, la tête de course est en vue au loin, très loin même, mais de voir cette avance fondre comme neige au soleil, motive doublement notre Ultra-FACkir.
Et c'est finalement à tout juste 1,5 km de l'arrivée qu'Eric Legat se retrouve pour la première fois en tête, doublant un Régis Lacombe plein de bravoure malgré une profonde détresse. Il sera même arrêté par le médecin de course, à seulement 800m de l'arrivée !
L'andrézien tient alors son destin et ce dernier kilomètre ne sera que du bonheur pour lui, s'en allant cueillir une victoire et une sélection en équipe de France pour novembre.
Le passage de la ligne d'arrivée est alors riche en émotions, et on en oublie vite qu'il y a eu 100 km avant !
Le bonheur est à son comble avec un Eric transformé en véritable héros romain, tout couronné de Lauriers, sous une musique et une foule survoltée, et entouré à la fois de sa famille et de quelques FACkirs qui lui avaient fait la surprise de venir le supporter si loin de notre Forez !
Superbe place, superbe week-end, superbe podium et superbe sélection pour Eric, qui en profite pour remercier ceux à qui il associe cette réussite : sa petite famille, si disponible et compréhensive ; ses parents qui ont si souvent fait office de nounou dans la préparation ; son suiveur attitré, Paulo ; son suiveur d'un moment, Thibaud, qui par son discours au moment de la blessure a su le faire repartir et y croire; ses fidèles supporters là-bas présents, Marine, Marie et Nassim ; ses compagnons d'entraînement et enfin ses partenaires, le club du FAC, Jalon, et Puma.
Que cette réussite leur soit dédiée, ainsi qu'à tout ceux à qui cette victoire fait plaisir.