Décembre 2013, Mehdi BENZERRAOUIA est lancé dans sa saison. 

Depuis 4 mois, il enchaîne entraînement sur entraînement, se mange du volume à n'en plus finir, et commence à se prendre au sérieux comme jamais, visant et rêvant de France élites. 

À raison, car les sensations sont là, et le capital confiance se renforce à mesure. Mais l'engrenage ne se fait finalement pas comme souhaité. La faute à la course idéale qui ne se présente pas ? À une forme venue trop tôt ? Ou encore à une perte de confiance du fait d'un scénario contraire au programme ? 

Nul ne le sait vraiment, même si tous les facteurs sont sans doute un peu en jeu. Toujours est-il que très vite Mehdi comprend que les France élites indoor ne seront pas pour lui cette saison, et en oublie même de croire aux nationaux...

L'âme en peine, mais avec un sentiment de revanche, plus sur lui-même que sur sa saison, comme pour se prouver que son sérieux et son talent méritent mieux que cette fin en queue de poisson, il fait la bascule sur le cross, et s'aligne aux inters puis aux France sur le court, en terminant respectivement 23eme et 101eme.

        Pas de quoi sauter de joie, certes, mais néanmoins de quoi conclure sur un travail foncier qui a bel et bien porté ses fruits, et sur des sensations pas si enfouies que ça...

Alors, quand la qualification au national se dessine, d'abord presque comme une plaisanterie, puis de plus en plus plausible, Mehdi recommence à se prendre au jeu des ambitions. D'autant que sur le papier, et malgré une forte adversité, la course reste ouverte.

        Et quand, à 10 jours des nationaux, la qualification devient officielle, Mehdi, après avoir mis un terme à sa saison hivernale, et se prélassant déjà depuis 4 jours, lol, se replonge finalement et avec envie dans l'entrainement et dans l'optique de ces France.

Tout juste le temps de glisser quelques piqures de rappel, de se reprogrammer, et même de nous inquiéter en ne faisant pas l'ultime séance à cause d'une contracture naissante à la cuisse, que l'échéance nationale se présente enfin...

Qu'importe le dernier tracas physique, les chronos des uns et des autres, et même la forme, Mehdi doit être là, et Mehdi à envie de répondre présent. Juste défendre ses chances, faire sa course, presque crânement, ou du moins avec cette idée de "rien à perdre"... voire tout à gagner ! Évidemment oui, car depuis novembre, hormis un joli record sur 10km en conclusion d'un travail foncier, et un chrono de 1'55" au 800m, il n'a pas eu grand chose à se mettre sous la dent !

Et quoi de mieux alors, qu'un national et une perspective de finale, voire de médaille, comme plat de résistance, pour ne pas dire dessert, pour palier à ce manque ?!

Et c'est ainsi donc, que ce samedi 15 mars, Medhi s'alignait sur le 800m, en seconde série. Sans pour autant être gagné d'avance, tout en sachant qu'un chrono inférieur à 1'56" allait offrir la finale, il restait optimiste et confiant.

Mais c'était sans compter sur la surprise Mehdi ! Une surprise dont il se serait bien passé, et dont son coach se mord encore les doigts de ne pas l'avoir averti alors même qu'il l'avait remarqué : en guise de pistolet de départ, l'organisation avait opté pour un pistolet... électronique ! 

Ainsi, pas ou peu de bruit, pas de tympans froissés, et pas de risque de "long feu"... 

Et pourtant... De "long feu" il y eut, et au sens propre du terme, si l'on s'en remet au bruit sensé déclencher le départ des athlètes : un espèce de son, sourd, presque extraterrestre, et pas vraiment bref, pour ne pas dire fuyant... Pas exactement l'idée qu'on se fait d'un coup de pistolet, et encore moins celle que Mehdi se faisait d'un signal sensé lancer sa série. 

Du coup, au commandement "à vos marques", Mehdi sur le qui-vive, a réagi au son du pistolet spatial, et a effectivement amorcé un départ... juste avant de couper son effort et même...de faire demi-tour, n'identifiant pas ce signal comme étant celui du départ ! 

Le temps de réagir, il avait déjà une bonne quinzaine de mètres de retard, mais se lançait aussi rapidement qu'ouvertement dans une poursuite jusqu'alors improbable. Au bout de 120m il était revenu en queue de peloton, et y resta un tour. Mais remonté comme une pendule par son incident, il se porta ensuite en tête de peloton et attaqua franchement. Tactique qui fit mouche, mais dont, ajoutée à ses efforts pour revenir dans la course,  il paya les effets sur la dernière et décisive ligne droite. 

10eme des séries, et second non qualifié, à 36 centièmes d'y parvenir, Mehdi s'en est alors voulu.

À l'affichage des résultats, une réclamation était tout de même posée, mais elle reçut, malgré discussion et compréhension, une suite de non fin, le chef starter concluant à une action de départ de Mehdi, ce en quoi il n'avait pas tort.

Mais le lendemain, éclairé par un autre point de vue, qui disait qu'effectivement Mehdi avait réagi à un signal, comme n'importe quel athlète le ferait à un claquement dans les mains, et se rendrait ensuite compte que ce n'était pas le départ. Ce qui fut donc argmenté, c'est que non seulement il n'avait pas identifié le signal de départ, mais l'avait même interprété à l'inverse par un demi-tour ! 

Le verdict et la clémence des juges se firent alors connaître 1h30 avant la finale, et Mehdi pouvait encore et pour la seconde fois, relancer une saison arrêtée avant le terme souhaité.

A croire que notre ami FACkir aime ce genre de rebondissement, car non seulement il s'en sort très bien, mais semble parfois mieux s'y exprimer encore !

Du coup, en finale, Mehdi ne se fit pas avoir une autre fois, et prit même un excellent départ. S'en suit alors une superbe course, pleine de maîtrise tactique et physique. À peine, une inquiétude lorsqu'il laisse un peloton de 4 athletes filer au 500m. Mais au dernier tour, Mehdi est déjà dans leurs roues. 

Ça attaque dur au 650, et il est un peu détaché, mais à 100m de l'arrivée, il emboîte la foulée d'un autre athlète et grignote mètre par mètre, la distance qui le sépare de la médaille. Plus il embraye, plus ça répond. Plus il attaque, plus il y croit, pour finalement venir littéralement fondre sur le 3ème au passage de la ligne.

Difficile de juger... Médaille, pas médaille ?

Nous serions tentés de dire "peu importe" tant sa course et sa place sont déjà belles en soi. Mais pour celui qui, par le passé, a déjà été, et par 2 fois, 4ème au niveau national, la perspective d'un podium prend alors toute son importance.

Mais le verdict de la photo finish tombe... Mehdi est classé 4ème ! Et, si, effectivement il s'attendait à ce que ce soit très serré, il était loin de s'imaginer terminer dans le même temps que le dernier medaillé...

Et oui, une médaille, se joue parfois à bien peu de choses, y compris quand c'est à son détriment et qu'il faut aller chercher, comme ici, les millièmes de seconde pour savoir à qui l'attribuer !

Alors certes, on peut y voir des regrets, se dire qu'à quelques millièmes il y avait une médaille, voire qu'à quelques centièmes, c'était celle en or... Mais ce serait bien vite faire fi de l'état mental dans lequel était Mehdi en février, alors qu'il allait mettre un terme à ses espoirs en indoor, ou bien encore la veille au soir où il n'était pas pris en finale !

Lui, comme son entraineur, auraient signé des 4 mains, juste pour courir la finale, et plus encore pour y défendre ses chances de la façon dont Mehdi l'a fait. Alors, quant à rêver de terminer 4°, à 2 doigts de la médaille voire même de la plus haute marche, personne n'aurait alors osé y songer.

Aujourd'hui, il reste donc à Mehdi à savourer ce qui s'avère être l'une de ses meilleures saisons, et à prendre l'épisode nantais comme une belle concrétisation du travail effectué depuis des années, et surtout comme une énième et brillante étape vers les élites estivales et autres médailles nationales qui finiront bien par se présenter !

C'est bien là ce dont il rêve, et ce que nous lui souhaitons tous du fond du coeur.

En attendant, et comme nous l'a soufflé un avisé monsieur Viricel, "belle course, qui plus est pour un malentendant !!!"

;-)

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