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Sylvain Court à Andrézieux : Episode 2 !
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11 Juin 2015 - Eric Legat
Sylvain Court à Andrézieux : Episode 2 !
Après l'approche de course, Sylvain nous livre le récit palpitant et incroyable de son aventure. 
A lire absolument ! L'exploit et l'esprit sont des modèles du genre !

La course

Tout à l'heure tu parlais de bagarre dès le départ, mais cette bagarre, en étais-tu à l'origine, ou bien y répondais-tu seulement ?
Je n'étais peut-être pas trop offensif non plus. Je me contentais de rester dans le groupe de tête, car on avait quand même un gros rythme dans la montée du Semnoz, avec les espagnols notamment, Julien qui était devant pour imprimer un gros tempo. C'est vrai qu'il aime bien  et que c'est grand grimpeur avec de belles qualités de vitesse, et puis on voit qu'il a cet amour, qu'il a envie de représenter au mieux la France. Et il n'a pas trop envie de se laisser mener par les espagnols, donc il a donné un peu le rythme. Ca a écrémé un petit peu, et au sommet il y avait un groupe d'espagnols, d'américains et de français essentiellement. Et là, on bascule tous ensemble dans la première descente. Ensuite c'est Xavier Thévenard qui a emmené un gros rythme qui a bien écrémé aussi.

Quand ton entraineur Philippe Propage parle de ta course, il la compare à un cross, une sorte de mano à mano, où l'on ne court plus pour un temps mais contre un adversaire, et avec une intensité impressionnante, des accélérations, des relances... Tu confirmes ?
C'est vrai que c'est un peu comme un cross, tout le temps en prise, du début à la fin. D'autant que j'ai l'habitude de ne pas m'échauffer, alors monter le Semnoz sur ces intensités, et en plus à 3h du matin, dur pour l'organisme !

Mais tu t'attendais à une telle intensité dès le départ ? Ca t'a inquiété ?
Quand il y a de gros plateaux comme ça, comme aux Templiers, je m'attends toujours à ce que ça envoie sur les deux premières heures. Ensuite, ça se calme un peu… et là, pas tellement ! Non, à bien y réfléchir, il n'y a pas eu de temps mort !

Et sur la course, as-tu eu des passages difficiles, des creux ?
Non. Juste un petit souci suite à un petit déjeuner un peu trop lourd, et dans la montée de La Forclaz, où Sébastien (Spehler) a attaqué très fort, j'ai eu un problème digestif, et il a fallu que je m'arrête à deux reprises pour faire la grosse commission qui va bien !
Ensuite, c'est bien revenu et dans l'ensemble la gestion de course est restée assez homogène. Mais je ne suis pas comme certains à faire des variations de rythme trop élevées, car sur des ultras, généralement on le paie à un moment ou un autre. J'ai donc essayé de rester sur la progression la plus rectiligne possible au niveau gestion de façon à ne pas le payer sur les deux dernières heures.

Et du coup, dans ces moments durs, ou sur cette course en particulier, qu'est ce qui te donne la volonté de te battre jusqu'au bout ?
Forcément, tu te raccroches à plein de choses, notamment quand tu es "dans le dur". Avant tout c'est la prépa, car je me suis énormément investi. Je n'habite pas du tout dans les montagnes, et je bosse comme tout le monde la semaine. Donc le jeudi soir mon sac est toujours prêt dans la voiture, j'embauche le vendredi matin, et à la débauche à 15h je pars direction les montagnes. Donc c'est 4-5 heures de route aller, Et le dimanche faut rentrer, pour reprendre le boulot le lundi… Ensuite, je me suis payé un stage une dizaine de jours aux Ménuires, sur mes deniers, après celui de l'équipe de France. 
Et puis il y a aussi la famille à laquelle on se raccroche. J'aurais rêvé que ma mère puisse venir, mais avec son âge, la conduite est un peu difficile et le train compliqué. Et puis, s'il arrivait quelque chose, comme c'est arrivé à Sébastien Spehler, ou si j'avais couru avec l'inquiétude de savoir ma mère sur la route, j'aurais peut-être été à 99% et sur des courses comme ça, il faut vraiment être à 100%.

Et cette victoire ? Quand y as-tu cru ? Quand as-tu su qu'elle était acquise ?
Ca a quand même été assez tard. C'est vrai que quand j'ai basculé dans la descente sur Menton, il y avait 2 minutes d'écart avec la tête de course. Mais avec 30 minutes de descente et des pointages qui me disaient que je reprenais 20 secondes par 20 secondes, je suis descendu assez fort, mais sans m'impacter. En bas, je rejoins Sébastien, et une fois dépassé, je voyais Luis Alberto, et là j'y ai cru, même si dans ma tête, je sais que ce n'est jamais gagné tant que la ligne n'est pas franchie. 
Je suis donc vraiment resté concentré, j'ai vu Luis devant, et je me suis dit, que là, si j'arrivais à le rattraper… Oui forcément, là, il se passe quelque chose dans ma tête ! D'autant que j'étais vraiment bien à ce moment là, mais je ne me suis pas affolé non plus, je n'ai pas cherché de suite à revenir, et j'ai attendu le ravito pour me placer 50m derrière lui. Il s'est retourné, avec le public français qui criait "allez Sylvain", et là, je sais très bien qu'il a eu un petit coup psychologique, de me voir revenir derrière. Et après j'ai un peu joué là-dessus. 
Je suis arrivé au ravito, j'ai pris le temps de me ravitailler, et j'ai dit à Philippe :"T'inquiète pas, là je me sens bien. C'est pas dit que c'est gagné, mais bon, je sens qu'on peut faire quelque chose… 
Et là Luis, en sortie du ravito, a du tenter son dernier va-tout , en plaçant une grosse attaque dans la montée du château. J'ai mis quand même un temps à le récupérer, dans une petite descente, et à partir de là, je me suis mis devant lui. Dans ma tête, je me suis dit "allez, tu ne lâches jamais la tête de course". Et j'ai toujours maintenu une pression, et il s'est accroché, accroché. Ca a été un duel incroyable pendant 5 km ! En montée, il n'y en a pas un qui lâchait un mètre. A un moment, il y avait une telle intensité, qu'en poussant sur mes bâtons, crac, il y en a un qui s'est tordu. Je le détords au genou, et Luis revient à mon niveau. Je contre-attaque, car je voulais toujours resté devant et essayer de le maintenir en pression. A un moment je m'alimente, je me retourne, et lui pareil, il s'alimente… Ensuite il revient à mon niveau. Alors je rattaque, sur une partie un peu plus roulante de l'ascension, et à 2 km du sommet, j'essaye de retrottiner dans le pentu et c'est là où j'arrive à partir. Il a du en prendre un coup et j'ai pris 10m par 10m. Ensuite, j'arrive au sommet, et là, public français de folie ! Je commence à être bien entamé, mais j'ai l'impression qui si le public avait pu me donner une paire de jambes pour aller au bout chercher la victoire, je pense qu'il me l'aurait donnée !!! Il y avait vraiment une super ferveur. Ca faisait plaisir à voir. Ca file des frissons et ça décuple les forces. 
Là j'ai donc appuyé fort et après la descente, je ne savais pas l'écart. Mais sachant qu'il avait battu le record de Kylian, à la Transvulcania dans la descente, je me disais qu'il était lui aussi un redoutable descendeur ! Il pouvait donc revenir, ce n'était pas gagné ! Même si en fait, j'ai fait une descente bien plu rapide que lui.
Plus bas, j'entendais le speaker de l'arrivée, et je commençais à y croire, mais je n'arrêtais pas de me retourner, tout le monde s'écartait, j'essayais d'assurer le coup, il y avait des racines, des rochers… Tu n'as pas envie de te tordre la cheville, mais en même temps, il faut descendre rapidement pour ne pas te faire rattraper… 
Et je débouche ensuite sur la piste cyclable. Je me retourne une bonne dizaine de fois, et on me dit, "mais non, c'est gagné, t'inquiète pas, tu as plus de 2 minutes d'avance !". Mais je n'y croyais toujours pas. Je commence à taper dans les mains qui se tendent, et dans le dernier virage avant l'arrivée, il y avait Jeff Pontier, et puis Gilou qui était là et qui m'avait fait les ravitos… Je suis content qu'il ait été là, car c'est quelqu'un que j'apprécie énormément. Et le fait d'avoir partagé ce petit exploit-là… enfin, ce bel exploit (!), avec lui, ça me fait super plaisir. Car je l'associe, comme Philippe, à ma victoire. 
Après ce furent les 100 derniers mètres, à taper dans les mains, l'arrivée toute en émotion, et puis là, je me jette dans les bras de ma petite femme Adélaïde. Donc oui, grosse séquence émotion évidemment…
Sur le moment, oui, on n'y croit pas forcément, on a l'impression d'avoir gagné une belle classique comme les Templiers, et on ne se rend pas compte qu'on a gagné un titre de champion du monde ! 

Et quelle est ta pensée au moment où tu franchis la ligne d'arrivée ? C'est la délivrance ? C'est Adélaïde ? Autre chose ?
C'est "Ca y est, c'est enfin fini !". C'est souffler après 8 heures d'effort. Le premier truc que tu te dis, c'est "Ouf ! Enfin fini !". Je peux enfin m'asseoir sur une chaise, tranquille, me reposer… 
Ensuite on réfléchit un petit peu et on se dit "C'est pas vrai ! Tu l'as fait ! Tu es champion du monde !!! C'est fait ! Toute cette prépa que tu as faite, depuis des mois, tous ces sacrifices, ça a payé !". Parce que bon, c'est comme pour les examens, les révisions, c'est facile, mais ce n'est jamais évident de conclure. Faut être en forme pour le jour J. C'est une course d'un jour ! Donc oui, c'est la grosse délivrance !

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