En pulvérisant son record en demi-finale des championnats d’Europe cadets, la semaine dernière à Jérusalem, Aymeric Dutrevis s’était ouvert les portes de la finale du 400m haies, point d’orgue d’une belle aventure européenne…

Pour tout autre que lui, le contrat aurait déjà été rempli en décrochant sa première sélection en équipe de France, le 19 juin à Franconville. Pour tout autre que lui, il y aurait eu de la satisfaction à se qualifier pour les demi-finales des championnats d’Europe, en remportant sa série mardi dernier, avec un nouveau record à la clé (53’’19).

Pour d’autres que lui, il n’y aurait pas eu tous ces honneurs et ces bonheurs. 

Il faut se souvenir de son opération du pied en novembre, de ces longs mois sans vraiment marcher. De son premier "footing" (le 25 février) de 8 petites minutes. De ses premières "accélérations" sur la piste avec des contraintes médicales : 22’’ aux 100 mètres ! De la première fois où il a remis les pointes (le 25 avril), une vingtaine de jours avant de disputer les Gymnasiades à Caen…

Depuis novembre, donc, Aymeric est soumis à un savant dosage de patience et de précipitations. Patience pour respecter le protocole médical et un retour vers son meilleur niveau programmé ; précipitations pour coller au calendrier des compétitions et des échéances.

A Jérusalem, d’autres que lui n’auraient peut-être pas eu la force, la détermination, l’ambition, de pousser les portes du destin, de se faire violence pour intégrer la liste des qualifiés pour la finale européenne.

Il a su le faire en pulvérisant son record le mercredi (52’’65, soit la 10^e performance française de tous les temps chez les cadets). C’était un jour béni sur la Terre sainte. De nombreuses larmes de joie ont coulé dans son entourage. Tous les responsables de la délégation française sont venus le féliciter, louant son talent, sa maturité et sa volonté.

Jeudi, jour de finale (oui, oui, trois courses en trois jours !), Aymeric s’est hélas laissé "embarquer" par le Norvégien (futur vainqueur) qui était au couloir devant lui. Un moment d’inattention, 13 foulées entre la 2^e et la 3^e haie (au lieu des 15 habituelles !!!) et beaucoup d’énergie dépensée en début de course : le reste ne pouvait plus compter.

Il a quand même trouvé l’énergie nécessaire pour finir en 53’’28 (soit son record avant d’arriver en Israël). A sa sortie de la piste, tous ses proches l’ont longuement et chaleureusement applaudi. Les yeux encore embués. Personne n’avait oublié le long parcours pour en arriver là. Les jours et les semaines de doutes, de remise en question, de réflexion, de programmation, d’adaptation, etc.

Bref, Aymeric a porté haut les couleurs du FAC pendant cette semaine européenne et tout le monde espère que ce n’est que le début d’une belle aventure.