Moussa mon ami...
Ironie du sort, toi qui étais l'incarnation même de la discrétion, te voilà mis en lumière. Et quelle lumière ! Eclatante. Eblouissante… Aveuglante aussi car voilée par les larmes que nous avons tous.
Ironie du sort, c'est en vivant ta passion que tu nous quittes. D'aucun y verraient une belle fin, un bel adieu, mais je n'arrive pas à y trouver une once de beauté. Non, c'est moche. C'est triste. C'est un sale coup que le destin nous a concocté. Tu avais encore tant de choses à faire, et à vivre, notamment avec ta famille qui était ton plus grand trésor.
Alors aujourd'hui, il me faut parler de toi. Quel plaisir et quel honneur de mettre des mots derrière ce que tu représentes. Et comment ne pas le faire à la première personne, tant je sais que tout ce que je pourrais dire sur toi fera l'unanimité. Tant forcément je serai dans le ressenti, l'émotionnel et ces choses profondes et vraies que tu aimais tant.
N'est ce pas Thibaud qui le disait à juste titre : "Moussa savait tellement où se trouvait l'essentiel, bien loin des nouvelles technologies et autre futilité. L'amour de ses proches suffisait à son bonheur."
Comme cela est vrai. Comme le bonheur était simple pour toi. Et tu le cultivais donc en famille, au club ou avec tes amis, et en courant aussi évidemment. Comme un jardin sacré, simple, petit et précieux. Mais ta différence, Moussa, ta richesse, c'est que ton bonheur rayonnant n'était rien si autour de toi les gens ne partageaient ta plénitude. Ton empathie, ton écoute ou ton attention portées aux autres étaient immenses. Incroyablement immenses. Car oui, tu faisais partie de ces gens rares qui, lorsqu'on les croise, respirent le plaisir réel de nous rencontrer. Toujours un sourire, et toujours disponible. Un bonjour chez toi, n'était jamais qu'une simple formule de politesse. C'était un vrai "bon jour" que tu nous souhaitais, sincère et profond, et qui ne se suffisait pas à lui-même. Il fallait toujours que tu poses des questions, et avec un tel intérêt porté à celui qui était en face de toi, qu'il avait cette impression valorisante et incroyable, d'être à ce moment-là, et dans tes yeux, la personne la plus importante du monde. Gwenael me disait l'autre jour en courant : "Moussa, lorsque tu parlais avec lui, tu avais toujours l'impression que c'était toi l'athlète de haut niveau !". Car oui, pour savoir quel avait été le contenu de ta séance, tes chronos, ou bien même connaître un bout de ta journée, il fallait se lever tôt ! Jamais tu ne parlais de toi, et toujours tu t'intéressais aux petits bonheurs ou soucis des autres.
Pour autant, il suffisait de te questionner sur ta famille, tes filles en particulier, pour voir une lueur briller dans tes yeux. Comme je regrette de ne pas avoir plus parlé avec toi… et de toi.
Mais aujourd'hui tu t'en es allé, et il me faut apprendre à ne plus croiser tes sourires communicatifs. Tu laisses à la fois un énorme vide, tel celui ressenti ce matin aux Bullieux, mais également un formidable héritage, comme une leçon de vie… à vie.
Et je t'en remercie chaleureusement.
Et pour revenir à ce matin, oui ce n'était pas évident. Il nous a bien manqué ton vélo "pourri" qui au fond te ressemblait tant ! Non pas parce qu'il était pourri, non, je ne me permettrais pas, mais parce qu'il c'était un vélo dans sa plus simple expression. Sans fioritures ou artifice, pas flambant neuf ou tape à l'œil. Juste un vélo. Comme un concept. Comme l'est ton concept du bonheur... N'importe quel enfant vous dirait qu'un vélo, c'est un cadre, 2 roues, une selle, des pédales, une chaine et un guidon. Qu'importe si ce dernier est celui d'une autre époque, il jouait sa fonction, te servait, et ça te suffisait. Comme d'ailleurs pour tes sorties vélo ! Il te fallait pédaler en récupération ? Pas de soucis, tu prenais un vélo, ce vélo ! Et alors que d'autres iraient faire, sinon le tour du monde, au moins celui de la région, non, toi tu allais faire des boucles aux Bords de Loire… Ton bonheur était simple, fait de choses simples, et chez toi ! Tu avais cette capacité à saisir la richesse de ces petits instants, ou encore le positif de n'importe quelle situation… Et c'est certainement en ce sens que tu étais une vraie leçon de vie.
Oui, tout cela va me manquer, cette sorte de rappel au bonheur que tu imposais bien malgré toi.
"Imposer" ! Comme un paradoxe pour toi ! Comment un homme d'une telle gentillesse et discrétion, a-t-il pu autant s'imposer en course ? Sans doute n'y a-t-il que ton talent pour l'expliquer, car tu en étais empli. Mais je crois aussi que c'était dû à une force intérieure que tu avais, et puis simplement à ta personne, à ce qui en émanait. Car sur une ligne de départ, pas besoin pour toi de montrer les dents ou de serrer les coudes. Non. Tous ceux qui te connaissaient te laissaient en première ligne. Pas un n'aurait osé te pousser ou pire, se mettre devant toi. Comme un respect naturel à un athlète et homme d'exception. Tu étais Moussa. Moussa le gentleman des pelotons, la Rolce-Royce au moteur de Ferrari ! Moussa la grande classe ! Car oui, cette classe, tu l'avais, et comme nul autre. Et avec une telle élégance dans ta foulée, que même les meilleurs semblaient patauds à tes côtés. Et puis tu possédais cette qualité spécifique aux tout meilleurs sportifs, celle de tellement maitriser ton geste, que le spectateur même averti, le trouve facile et accessible. Naturel.
"Naturel", comme toutes les qualités que l'on t'attribue. Rien de caché, tout transparaissait dans ton sourire et ta bienveillance. Rien de tordu, la droiture t'habitant corps et âme. Rien de négatif, tu étais incapable de voir ou dire du mal de quelqu'un. Rien d'impulsif, tu incarnais si merveilleusement la douceur et la sérénité. Une sérénité et une classe qui s'expriment jusque dans ton linceul. Tu y es magnifique et d'une dignité à nul égal. Je crois que de toute façon, quoique tu fasses, même là-haut, tu auras toujours cette élégance naturelle, et resteras un exemple pour ceux qui te côtoient, et une formidable source d'inspiration pour ceux qui te connaissent.
Puisses-tu donc trouver là-haut, auprès d'un Dieu que tu as vénéré avec conviction, le même bonheur qu'ici auprès de nous. Mais je ne m'inquiète guère, car comme toujours, je sais que tu sauras te satisfaire et t'émerveiller du moindre don.
Et pour ce qui est de courir, tu vas bien te trouver une petite boucle sympa, et laisser ton talent et ta classe faire le reste ! Ta gentillesse et humilité faire ta place…
Adieu athlète et Homme de haut-niveau que tu étais.
"Cours en paix mon Ami"
Sans oublier mes affectueuses pensées à Elisabeth, Louise et Kenza, qui peuvent être fières de l'Homme de leur vie. Ainsi qu'à ta maman et ton frère...